Update 15 ans plus tard : je ne suis plus vegan

0

vegan repas tartines végétarien kikekwa
- Aucune photo trash dans cet article -

Salut à toi, 

Je faisais le tour de mes anciens articles, les premiers du blog, donc ça remonte à plus de 15 ans maintenant... et en les relisant, je me suis dit qu'il serait de bon ton de faire une petite mise à jour de certains d'entre eux, surtout ceux dans lesquels je prends clairement position pour ou contre tel ou tel sujet, histoire de te donner mon point de vue d'aujourd'hui, maintenant que je suis une vieille. 

Dans les mois qui viennent, je pense donc faire une petite série "update", pour réactualiser mes positions sur certains sujets. Bonne idée ou pas ? À toi de me le dire en bas, dans les commentaires !

Pour commencer, j'ai opté pour le sujet le plus polémique de tout le blog ! J'ai choisi de revenir sur l'article "Vegan, pourquoi ?" de novembre 2007 pour ouvrir le bal. C'est une sorte de coming-out, j'ai mis du temps à assumer ne plus être vegan. Je sais que je m'expose au jugement impitoyable des vegans qui liront cet article, et si tu en es, tes commentaires sont les bienvenus s'ils apportent de la réflexion au débat (si c'est pour m'insulter, fais-toi plaisir, mais ce sera ignoré).

Je ne suis plus vegan

Ouais, alors je sais que si tu ne l'as jamais été, tu vas probablement soit t'en foutre, soit trouver ça rassurant*. A contrario, si tu l'es, tu vas probablement vouloir soit te barrer de ce blog, soit m'assassiner. Eh ben viens, allez ! Non bon ok, restons sérieux. 

Pourquoi je ne suis plus vegan

Eh oui, il y a bien une explication. Je ne me suis pas mise à détester les animaux du jour au lendemain, non. L'explication, elle est très pragmatique. Ma décision est née de deux constats tout bêtes :

- celui que la majorité des vegans est bien bien extrémiste (et chiante)
- et celui qu'en étant vegan, je participais davantage à la souffrance animale qu'en ne l'étant pas.

Et là je te vois ouvrir des yeux ronds comme des balles de ping-pong : du calme ! Je t'explique. 

Les vegans sont des extrémistes

Sous ce sous-titre bien putaclic se cache le premier volet du pourquoi je ne suis plus vegan. Je ne vais pas généraliser : tous les vegans ne sont pas des extrémistes culpabilisateurs qui brandissent des brocolis devant les boucheries (je dis ça alors que j'en ai fait partie, mouahaha !) mais durant mon modeste parcours d'activiste engagée pour la défense des droits des animaux, crois-moi, j'en ai rencontré un paquet (puisque j'en faisais partie - tu suis ?).

C'est ainsi que, pour te la faire courte, je me suis rendue compte qu'à force de m'enfoncer toujours plus loin dans la protection des animaux, je voyais le monde à travers ce prisme, celui de la souffrance animale. Bien aidée par mes compères et l'effervescence collective, je tendais moi-même de plus en plus vers ce genre de réflexions et d'attitudes extrémistes.

Il faut savoir que dans ce genre de milieu, les discours du genre "je ne pourrai pas sauver un bouffeur de cadavres" sont légion. J'ai moi-même raisonné de la sorte, et j'avais de plus en plus de mal à supporter mon entourage "mangeur d'animaux". À mes yeux, ils étaient tous des meurtriers sadiques et ne méritaient aucun égard. J'ai donc petit à petit restreint mon cercle d'amis à la "caste" vegan. J'étais vegan, mes amis étaient vegan, je vivais vegan, respirais vegan. 

Et maintenant, petit disclaimer : je vais me faire l'avocat du diable, un peu !
Qui est le vegan extrémiste ?

Ce bref portrait s'adresse plus particulièrement à toi, le bouffeur de bidoche, histoire que tu fasses plus ample (et plus juste) connaissance avec cet individu malaimé. Le vegan extrémiste, c'est :

- avant tout un être humain sensible ;
- un amoureux des animaux ;
- qui voit le monde à travers le prisme de la souffrance animale ;
- qui ne parvient donc pas à te voir autrement que comme un assassin. Tout comme tu aurais du mal à trouver gentil le type qui a massacré tes 5 enfants (alors que c'est peut-être un type très sympa), eh bien de la même manière, un vegan ne peut pas trouver gentil quelqu'un qui se rend responsable de la mort des animaux (alors que tu es sûrement très sympa aussi). Et en cela vous avez un point commun : vous associez la personne à ses actes, et vous voyez le monde à travers le prisme de votre propre expérience ;
- c'est quelqu'un qui a besoin d'exorciser cette souffrance, que "le monde entier" génère en lui par son indifférence à cette sauvagerie de masse ;
- et qui pour ce faire, rejette les "bouffeurs de cadavres" et côtoie des vegans, car ce sont les seules personnes qui ne lui renvoient pas cette souffrance, et qui le comprennent

Ce sont donc des personnes à fleur de peau, que la mort des animaux touche profondément : ça se passe dans les tripes, comme quand on touche à ton enfant. Je sais que tu trouves la comparaison inappropriée, pourtant je te jure que ce qui anime un vegan envers les animaux, c'est du même ordre que ce qui anime un parent envers son enfant. Peut-être que tu ne peux pas comprendre, mais c'est comme ça. Et tous les jours, le vegan, lui, doit cohabiter, impuissant, avec des gens qui "s'en prennent à ses enfants" en toute impunité, et ce à une échelle industrielle (on parle de centaines de milliards de vies chaque année)... Tu imagines pire torture, franchement ?

Je t'explique tout ça parce qu'il me semble important de ne pas les juger trop vite, et je suis bien placée pour en parler. Pour la plupart des personnes sensibles à la condition des animaux, militer pour leur défense est un combat émotionnel avant d'être un combat éthique. Être activiste, c'est s'impliquer, s'engager profondément pour la défense de sa cause. Tu côtoies des personnes qui défendent les mêmes valeurs, et ça, ça galvanise, ça fédère, ça te conforte dans tes choix. Et, parfois, ça embrigade... Parce qu'on touche à un sujet qui prend aux tripes, et quand l'affect est trop fort, ça te prive de tout recul et ça altère ton discernement : c'est l'émotionnel qui guide.

C'est ce qui m'est arrivé. Heureusement que j'avais un peu de ressource et de lucidité pour me permettre de sortir de ça assez vite, mais tout de même : j'ai été happée par la machine. J'ai rejeté des amis. Je me suis fâchée avec certains membres de ma famille (pas de manière irrévocable, c'est du passé aujourd'hui, heureusement). J'ai même écrit des articles de blog que j'assume difficilement aujourd'hui, haha !

Être "juste" vegan, c'est pas possible ?

Parfois, sur mon parcours, j'avais des éléments pour me rappeler à la raison : des arguments que je trouvais choquants (cf au-dessus, le fait de refuser de soigner un blessé non végétarien par exemple, mais il y en a tant d'autres), des raisonnements que je trouvais absurdes, et surtout, m'isoler de mes proches comme je le faisais, tout ça ne me semblait pas 1- servir la cause des animaux et 2- servir ma propre cause, si je puis m'exprimer ainsi ! Alors, quel était précisément le sens de tout ça ?

J'ai commencé à exprimer ce genre de questionnements auprès de la "communauté" vegan que je fréquentais : ne devrions-nous pas plutôt nous réconcilier avec les "bouffeurs de cadavres" pour leur expliquer les choses avec bienveillance, plutôt que les culpabiliser sans cesse ? Une approche pédagogique ne serait-elle pas plus bénéfique qu'une approche accusatrice aussi radicale ?  Tout simplement, accepter que chacun en est où il en est, et qu'on ne peut pas être de tous les combats ? (Pourtant crois-moi, quand il s'agit de la torture et du massacre de milliards d'animaux et que ça te touche profondément (tes enfants, tu te souviens ?) c'est très difficile - impossible ? - de se dire qu'il faut "accepter").

Toutes ces réflexions visant à "élever un peu le débat" ont été catégoriquement rejetées, je me suis fait défoncer, clairement, et je suis passée de "membre VIP" à "danger pour la cause animale" en deux temps trois mouvements. J'étais devenue l'ennemi public numéro 1, la tête à abattre, et mes interventions tournaient systématiquement au pugilat. Comment osais-je ?! (Greta, si tu me lis ♥)

Tout ça pour en venir au fait de ne pas juger trop vite les vegans extrémistes : quand tu as en toi cette sensibilité, qui t'a amené(e) à t'isoler de tous tes proches depuis des années, parce que tu te sens mieux auprès des membres de ton "gang", qui te comprennent et te confortent dans tes idées, parfois radicales, c'est difficile de t'en faire rejeter. C'est même inenvisageable (encore ma bien-aimée pyramide de Maslow : ce fameux besoin d'appartenance). Alors, tu es un peu vulnérable, et tu préfères te rallier aux idées de ton clan que de t'en faire exclure, question de survie (oui, c'est aussi trivial que ça).

Je contribue davantage à la souffrance en étant vegan

Encore un peu putaclic, j'avoue, mais tu vas voir qu'il y a du vrai. En fait, quand j'étais vegan, comme la plupart des vegans, j'en étais très fière et le sujet revenait souvent sur le tapis. En fait, à chaque fois qu'il était question d'avoir une vie sociale. Comme je le disais plus haut, j'ai fini par me friter avec des membres de ma famille, au sujet des repas notamment. 

Quand j'étais invitée à un repas de famille, je ne voulais pas déranger avec mon régime spécial (et difficile à appréhender pour les non initiés) alors je prévenais systématiquement de ne rien me préparer de spécial à manger. Je disais que je me débrouillerais, que je saurais facilement identifier ce qui contient des produits animaux ou pas, et donc que je ferais mon tri. Mais c'était sans compter sur l'envie de bien faire de mes proches, qui ne pouvaient pas s'empêcher, à chaque fois, de m'acheter des trucs "veggie" pour me faire plaisir. 

Le problème, c'est que ça avait beau partir d'une bonne intention, 9 fois sur 10 le truc "veggie" en question ne l'était pas (pas vegan, en tout cas) : œufs, fromage, gélatine, lait, miel et j'en passe occupaient une place de choix dans la liste d'ingrédients de ces substituts. À côté de cela, on m'avait quand-même prévu une part du repas carné "au cas où"... Donc si on fait le bilan de ce repas de famille de 6 personnes dont une vegan à la table, on a un gigot pour 6 ou 8 + un substitut "veggie" pas vegan. Du coup, elle est où, ma contribution pour les animaux ?

C'est comme ça que j'en suis arrivée à me dire que j'allais arrêter de me proclamer vegan, pour qu'aux repas de famille, on arrête de m'acheter des trucs-pas-vegan pour être gentil avec moi. De fil en aiguille, j'ai recommencé à manger la viande lors de ces repas de famille, puisque de toute façon, elle était sur la table et finirait dans le meilleur des cas au chien si je ne mangeais pas ma part. (Argument supplémentaire : de la viande qui part à la poubelle, je trouve pas ça très vegan).


exclusion extremiste vegan kikekwa

Comment je le vis au quotidien

Voilà LA grande question ! Moi-même je me la pose régulièrement : comment est-ce possible, après avoir été aussi engagée, aussi convaincue, aussi radicale dans mes choix ? Eh bien, je le vis... bizarrement. 

Je reste une amoureuse des animaux

Tout vegan qui se respecte ne peut pas entendre ce postulat, selon lequel tu aimes les animaux ET tu les manges. Ça ne va pas ensemble ! Et pourtant, je t'assure que j'aime toujours autant les animaux, si ce n'est plus (mieux) qu'avant.

Ce sujet suppose une réflexion assez élargie sur l'amour en général, l'amour des animaux en particulier. Je reviens sur une réaction à un sujet, qui m'avait valu d'être bannie d'une association de protection des animaux : le sujet en question était l'alimentation des animaux captifs. La personne qui s'exprimait défendait l'idée de nourrir des carnivores avec du soja et d'autres protéines végétales. Ce à quoi j'avais osé objecter qu'à mes yeux, on dépassait la limite en raisonnant ainsi, et que quand on prétend aimer les animaux, on n'a pas à leur imposer notre manière de penser et de vivre ni nos choix éthiques, lorsque ceux-ci vont à l'encontre de leur biologie.

En l'occurrence, un carnivore est biologiquement fait pour manger de la viande, point. Lui faire manger autre chose, c'est l'exposer à des problèmes de santé. Je ne vois pas où est l'amour là-dedans... Le raisonnement du vegan serait de dire que l'amour est dans le fait d'épargner la vie des animaux destinés à nourrir ledit carnivore. Mais quelle vie importe le plus, dans ce cas ? Celle du carnivore que l'on va rendre malade en épargnant la vie des autres, ou celle des autres qui vont mourir pour nourrir le carnivore ?

Cette question me semble absurde, car je ne pense pas que nous ayons quoi que ce soit à décider : la nature l'a déjà fait pour nous. Petit rappel à toutes fins utiles : dans la nature, les animaux sauvages se bouffent entre eux, et ce faisant, contribuent au maintien en bonne santé des lignées. Les carnivores sont des "nettoyeurs" de maladies, d'infirmités, etc. La sélection naturelle, quoi (qui quoi qu'on en dise, est une loi universelle du Vivant).

Je respecte toujours beaucoup les vegans

Bien que je ne fasse plus partie de la team, j'ai toujours un profond respect pour l'engagement de tous les vegans de la Terre. Sincèrement. Moins pour la manière dont parfois, cet engagement se manifeste auprès des "bouffeurs de cadavres" (encore une fois, pour moi, approche agressive et/ou trop radicale = contre-productif), mais le fond, la cause en elle-même, est toujours louable à mes yeux. 

Je suis toujours convaincue que l'être humain n'est pas fait pour manger de la viande en grandes quantités, que nous consommons beaucoup trop de viande et de produits animaux, et que cela ne nous apporte pas la santé. De nombreuses études l'ont démontré en long, en large et en travers (dis-moi dans les commentaires si tu veux que je te renvoie vers quelques sources). Je précise "en grandes quantités", parce que mes études de naturopathie m'ont amenée à reconsidérer la question et à la trancher, encore une fois, de manière un peu moins radicale. Mais l'espèce humaine reste quand-même une espèce de cinglés : on élève des animaux pour les manger, dans des conditions abjectes qui les rendent malades, et on se rend malade en les mangeant... Bénéfice zéro du début à la fin.

Je suis toujours convaincue que les animaux méritent mieux qu'une vie confinée dans une cage irrespirable, gavés d'antibiotiques, de facteurs de croissance et de vaccins en tous genres. Mieux que des transports interminables dans des camions mal ventilés, mieux que des banderilles et des poignards plantés dans la chair, mieux que des expérimentations à des fins scientifiques, mieux que la destruction de leur habitat à des fins lucratives, etc, etc.

Ma vie ne tourne plus autour de la cause animale

En bref, je suis toujours aussi révoltée par l'existence épouvantable que l'on impose à beaucoup d'animaux. En revanche, j'ai fait le choix de ne pas axer toute ma vie autour de ça : lorsque j'étais une militante active, je me faisais beaucoup trop souffrir pour être utile à quoi que ce soit. Je m'infligeais tellement d'images atroces, en m'informant sur les derniers scandales, en visionnant des vidéos pour préparer les stands d'info, en me confrontant à la réalité sur le terrain lors d'événements ou de sauvetages... Tout ça me pompait une énergie folle, et m'a littéralement rendue folle. J'ai fait une sorte de burn-out, je n'en pouvais plus de toute cette cruauté, et ça me détruisait à petit feu. 

Je crois que je ne suis simplement pas assez solide pour encaisser la réalité à haute dose. Ces années de combat m'auront ouvert les yeux, mais à quel prix ! Je suis reconnaissante pour la prise de conscience, mais j'ai assez donné, je me suis assez abîmée. Jusqu'à me dire "stop ! Si toi-même, tu ne vas pas bien, comment espères-tu aider les autres ?"

*Je reviens sur ce que je disais au tout début de cet article : si tu (toi, cher lecteur) ne l'es pas, tu dois trouver rassurant que je ne sois plus vegan. Je n'ai pas dit ça au hasard : c'est un constat que j'ai fait souvent, en discutant avec les gens. Quand je place "j'ai été vegan" les yeux s'écarquillent, et dès que j'ajoute "mais je ne le suis plus" les gens soufflent, soulagés. Et là, j'ai envie de dire : pourquoi ?

C'est comme si le fait d'être confronté(e) à un(e) vegan mettait en péril ta tranquillité intérieure. Je vois deux explications possibles à ça : 

- tu t'es fait malmener par des vegans extrémistes et tu n'as pas du tout envie de revivre un débat mouvementé et stérile avec un gars/une fille qui atteint le point Godwin en trois phrases (et je te comprends) ;

- tu n'aimes pas discuter avec des vegans parce qu'ils te confrontent à des vérités que tu ne veux pas entendre, qui perturbent ta tranquillité d'esprit et ta bonne conscience, et face auxquelles tu n'as aucun argument qui tienne la route... (et là, je t'invite à prendre le temps de te les poser, ces questions ! Et j'espère que cet article t'y aura aidé(e)).


manger repas fourchette cuillère farine kikekwa

Comment je vis au quotidien

Aujourd'hui, je ne suis plus vegan. Est-ce que cela signifie pour autant que je mange de la barbaque à m'en faire péter la panse ? Non. Je suis ce qu'on appelle une "flexitarienne", si on veut (même si j'aime pas trop ce néologisme). 

Les repas chez moi

À la maison, en gros, je mange 75% du temps vegan, 20% du temps végétarien et 5% du temps je mange de la viande. Ça représente environ 1 à 2 repas par mois avec de la viande. Cette viande, je l'achète uniquement à des producteurs locaux qui élèvent leurs animaux dehors. Pas pour me donner bonne conscience, non : d'une part pour soutenir ces gens, qui proposent un autre modèle d'élevage que l'intensif et qu'il faut selon moi encourager (tant que le monde entier n'est pas vegan...), d'autre part, parce que la viande est bien meilleure (je prends de la viande AB, plein champ, sans antibio, sans machin trucs dégueu, etc), et enfin, parce que les conditions de vie des animaux sont chouettes (mais genre vraiment, ils vivent avec leur maman, dans des prés et tout). Pour ce qui est du triste sort qui leur est réservé, là aussi, ça a son importance : ces éleveurs travaillent en général avec l'abattoir local, pour un transport le plus court possible. 

Pour les sous-produits animaux des 20% de repas végétariens, ce sont à 90% les œufs de mes poules, les 10% restants étant partagés entre du beurre (on se refait pas, je suis bretonne) et un petit morceau de fromage à l'occasion (c'est extrêmement rare, la faute à mon bagage de naturo et mon corps qui le vit pas très bien).

Les repas à l'extérieur

C'est très simple : 

- si je suis invitée : je mange ce qu'il y a. Éventuellement, j'ajuste en fonction de mon hôte : si je sais que je peux négocier une assiette végé sans le/la vexer et surtout sans trop le/la bassiner, je le fais si j'en ai envie ; 

- si je mange à l'extérieur et que c'est moi qui choisis : je mange ce qui me fait envie. Sachant que ce qui me fait envie est influencé par plein de paramètres : le choix qui s'offre à moi, comment mon corps va le supporter, la provenance des ingrédients, la manière dont c'est préparé, le temps qu'il fait, le temps dont je dispose...

Note : je suis une sauvage et je vis à la campagne pour cette raison. Ce cas de figure se présente donc 5 à 10 fois par an... (Vas-y moque-toi !)

Les autres aspects du véganisme

J'utilise à nouveaux des choses comme la laine, le cuir... Je te l'ai dit, je ne suis plus vegan ! Cela dit, c'est comme pour tout le reste : si j'ai le choix entre deux alternatives aux propriétés équivalentes, et que l'une est sans cruauté, j'opte pour celle-ci. Mais la réalité, la vraie de vraie, c'est que les substituts synthétiques ne sont pas toujours à la hauteur des matériaux naturels (et que dans un pull en laine, on ne pue pas la transpi comme dans du polyester).

Du coup je contribue au massacre

Oui. Je sais, et ce n'est jamais neutre dans ma p'tite tête. Et en ça, être passée par la case "vegan" m'a permis aujourd'hui de mesurer la valeur de ce morceau de bidoche que je mets dans mon assiette. Je ne le dissocie jamais de l'animal dont il provient. C'est toujours un dilemme de conscience, la fameuse dissonance cognitive dont on aimerait pouvoir se passer. Je la vis à chaque fois. Le fait de savoir comment ça se passe + le fait de ressentir de l'inconfort en mangeant de la viande font que ma consommation est très limitée

Et si on veut pousser le bouchon, toi aussi, vegan cher à mon cœur, tu contribues au massacre, que tu le veuilles ou non. Malgré tous tes efforts, chaque jour, tu y contribues, en allant acheter ton pain, tes légumes, tes jus de fruits, ton tofu, tes algues, ton riz, ton portefeuille en liège et tes sandales en biothane. L'argent que tu dépenses finit fatalement dans les poches de bouffeurs de cadavres, qui s'en serviront pour garnir la grille de leur barbeuc le week-end prochain (bon, là, plutôt le plateau raclette en cette saison). C'est inévitable.

Donc ok, ta contribution est inférieure à la mienne, c'est indéniable, encore que... Je "finance" peut-être moins de mangeurs de barbaque que toi par mes achats, qui sait ? Disons qu'elle est inférieure, et surtout qu'elle est indirecte, d'accord. Mais elle n'est pas nulle. Donc s'il te plaît, arrête de sermonner le monde entier... Informe, oui ! Il faut le faire. Mais laisse les gens décider par eux-mêmes. J'ai ouvert les yeux et "rendu végétariennes" pas mal de personnes juste en ne disant rien. Ces personnes ont cheminé toutes seules et m'ont dit quelques semaines ou mois plus tard qu'elles étaient devenues végétariennes parce que mon choix les avait fait réfléchir. Cette évolution ne s'est produite chez aucune des personnes que j'avais agressées et culpabilisées. Réfléchis bien à ça si tu veux faire avancer la cause animale...


assiette salade crudités kikekwa

Conclusion

J'ai été une sale extrémiste anti-bouffeurs de cadavres, ouais. Ça, je l'assume totalement, tout comme j'assume totalement de ne plus l'être aujourd'hui. Même si des fois, ça me taraude, je me dis que je me sentirais plus en accord avec moi-même en redevenant vegan... En fait, les deux situations m'apportent de l'inconfort, mais à des degrés différents : 

- quand j'étais vegan, j'étais dans l'inconfort tous les jours, parce que je vivais très mal le fait de stigmatiser les gens autour de moi, de m'en isoler, et aussi de ne voir le monde qu'au travers du prisme de la souffrance animale. Tout n'était que sang, cruauté, mes amis étaient devenus des bourreaux, ma famille, des tortionnaires... Au final, ça générait une grande souffrance en moi aussi, en rien comparable à celle que subissent les animaux, mais suffisante pour que ce ne soit pas soutenable sur le long terme. Je ne parvenais pas à un équilibre satisfaisant, et défendre mes convictions de cette manière les rendaient incompatibles avec mon besoin de mener une vie sociale épanouie ;

- depuis que je remange de tout, je suis dans l'inconfort une ou deux fois par mois, quand je mange un morceau de bidoche... Alors certes, ces deux morceaux de bidoche ne sont pas sans conséquence pour l'animal que je bouffe, et ça provoque toujours un conflit en moi (on ne peut pas faire l'autruche sur ce qui se passe dans les abattoirs une fois qu'on le sait, même si on choisit de continuer à manger de la viande), mais au bilan, je souffre beaucoup moins maintenant. L'inconfort que génère cette consommation de viande peut facilement être évité si je le souhaite, personne ne m'obligeant à la manger. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'en mange pas plus souvent : une à deux fois par mois, c'est le seuil tolérable d'inconfort que je peux supporter... 

Aussi, j'éprouve toujours beaucoup de "gratitude" lorsque je mets de la viande dans mon assiette. Je ne sais pas si "gratitude" est le mot approprié ; ce que je veux dire, c'est que j'ai une pleine conscience qu'une vie a été ôtée pour m'offrir ce morceau de barbaque. 

Et ça, quoi qu'on en pense, c'est pas rien. 

~

Enregistrer un commentaire

0Commentaires

Mets-y ton grain de sel !

Enregistrer un commentaire (0)

#buttons=(OK) #days=(20)

Ce site utilise des cookies. En savoir plus
Accept !