L'enfer des animaux est pavé de bonnes intentions

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Salut l'ami,

Aujourd'hui, un sujet sérieux qui me tient vraiment à cœur. Je vais te parler de maltraitance indirecte, ou quand un humain croit bien faire pour aider un animal, alors qu'en réalité il lui nuit plus qu'autre chose. 

Faut-il sauver les animaux ?

Quand on aide un animal blessé, en danger, maltraité ou voué à mourir si on n'intervient pas, on se dit forcément qu'on fait une bonne action. On lui sauve la vie, on l'extrait du danger, on le soigne... Tous ces actes partent évidemment de bonnes intentions, et nul ne saurait condamner de telles initiatives. Et pourtant... Est-on vraiment certain de rendre service à l'animal en agissant ainsi ? 

Analyser avant d'agir

Lorsque tu vois un faon seul dans un buisson au détour d'une promenade en forêt en plein jour, tu trouves cela étrange et pourrais te dire que sa mère l'a abandonné, qu'il faut l'aider, le mettre à l'abri des prédateurs et le nourrir, le pauvre petit. Or, en intervenant, tu condamnerais le bébé ; en laissant ton odeur humaine autour de son nid ou sur son corps, tu enverrais à sa mère, seulement partie se nourrir pour pouvoir l'allaiter, le signal suivant : "ton bébé a été repéré par un prédateur". La mère se dirait que son petit n'a plus aucune chance de survie et le laisserait livré à lui-même, préférant risquer la vie de sa progéniture seule que leurs deux vies réunies. En intervenant, si par chance il venait à survivre grâce à tes bons soins, tu compliquerais son intégration en milieu naturel et le résultat serait le même : le petit serait voué à mourir. Bravo, tu viens de tuer Bambi. 

Voilà un exemple type de situation où l'intervention humaine serait profitable uniquement à la conscience de la personne qui, selon ses propres critères, l'estime nécessaire.

D'autres situations sont à première vue plus complexes : elles nécessitent objectivement une intervention pour sauver la vie de l'animal. Et je m'arrête là et je commence par me demander si sauver la vie de l'animal lui serait réellement bénéfique : vivre oui, mais comment ? C'est bien là qu'est le souci. Une fois l'animal hors de danger, rétabli, soigné... qu'as-tu à lui offrir ? 

Prenons l'exemple d'un renard adulte grièvement blessé : tu le recueilles, le soignes et le sauves. Super. Ensuite, il semble logique que tu rendes cet animal à la nature, en lui souhaitant bonne chance pour la suite. Bravo, le sauvetage semble réussi ! Mais qu'en est-il vraiment ? Ton odeur et ton intervention l'ont peut-être condamné, tout comme le petit faon. Pire encore, qu'en serait-il si tu décidais de garder le renard captif (en imaginant que tu aies les autorisations, le certificat de capacité qui va bien, tout ça tout ça) et d'en faire un animal de compagnie ? Après tout, les soins ont permis de voir que le renard n'est pas agressif, et même plutôt calme et doux, et le garder à la maison le mettrait à l'abri des tirs des chasseurs. Ouais, mais en enfermant un renard dans une maison, tu lui voles sa vie, tu le coupes de son environnement naturel, tu le séquestres dans une vie qui n'est pas la sienne. C'est le condamner, s'il survit, à une vie stressante, à des pathologies, des troubles du comportement lourds et à des conséquences sur sa santé physique (mutilations, stress chronique, insuffisance rénale...). Alors, as-tu réellement rendu service à l'animal ? 

Et l'humain dans tout ça ?

À cette souffrance de l'animal se couple celle de l'humain qui accueille dans des conditions inappropriées. Prenons cette fois l'exemple d'un chien adopté dans un refuge. Tout le monde sait qu'un chien a besoin de câlins, de croquettes et de promenades pour être heureux. Après tout, tout le monde peut alors adopter un chien et lui offrir une plus belle vie que celle qu'il a au refuge ! Un canapé et des bisous, le rêve pour les toutous. Et si on se trompait ?

Les chiens restent des animaux avec des besoins spécifiques, différents des nôtres. Lorsque l'on confie un animal à une personne sans tenir compte des besoins du premier ni des capacités à y répondre de la deuxième, on joue à la roulette russe. In fine, qui en pâtira d'après toi ? Les deux, mon capitaine ! L'animal mènera une existence très éloignée de ses réels besoins, et l'humain, impuissant, assistera malheureux à la situation, et devra supporter de voir son animal chéri souffrir sous son propre toit. 

Alors, pourrait-on peser les conséquences de nos actes avant de confier, adopter, offrir ou sauver un animal ? En premier lieu, penser et évaluer sérieusement les besoins réels de l'animal, et pas ses besoins selon nos critères anthropomorphiques. Dans un second temps, informer convenablement les adoptants afin qu'ils sachent arbitrer si oui ou non ils seront en mesure d'accueillir cet animal dans les conditions adéquates à son bien-être. Ceci afin d'éviter beaucoup de souffrance des deux côtés. 

La faute à qui ?

C'est ce qui m'amène à aborder la question de la responsabilité. Dans le cas d'un chien confié à une famille aimante, de bonne foi, mais non consciente des besoins de son animal, et surtout pas en mesure d'y répondre même avec la meilleure volonté du monde, qui est responsable ? Certainement pas le chien, alors, entre le refuge qui n'informe pas ou mal, lui-même probablement par ignorance, et l'adoptant qui ne répond pas aux besoins de son animal, à qui la faute ?

Difficile de trancher, tu me diras. Mais bien trop de souffrance se joue pour que ces questions soient prises à la légère ou même, ne soient pas posées en amont. Alors, avant d'intervenir pour venir en aide à un animal, pose-toi simplement cette question : compte-tenu de tous les éléments en ma possession sur cet animal (santé, espèce, âge, condition, moyens à ma disposition...), et surtout compte-tenu de ses besoins réels, suis-je absolument certain(e) à 100% qu'en intervenant, je pourrai lui offrir mieux que ce que la nature a décidé pour lui, sans impacter négativement sa vie, la mienne et celle d'autres personnes ? 

Je crois qu'il faut arrêter de jouer les sauveurs, et parfois, laisser faire les choses. Quand on aide pour  se donner bonne conscience ou pour soulager sa propre carence affective en reportant sur les autres un amour qui nous a manqué, on n'aime pas de la bonne manière. Lorsqu'on considère uniquement le fait de prolonger la vie de l'animal, au détriment de ses besoins réels, condamnant ce petit être à une existence certes plus longue, mais dans un monde tout à fait inapproprié pour lui, on n'aime pas de la bonne manière. Quand on offre à son chien une "vie de rêve", des câlins à profusion, le droit d'aller partout, sans aucune règle élémentaire de vie, on n'aime pas de la bonne manière. Et caetera, et caetera, la liste est longue. 

Ce serait chouette, pour nos amis les animaux, qu'on arrête de tout regarder à travers le prisme de notre condition. Et à défaut d'y parvenir, que l'on ait l'humilité de s'abstenir de foutre le bordel dans leurs vies.

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