Petite goutte fraîche

Petite goutte fraîche

Une goutte se pose à l'ombre de mon âme,
Les feuilles cessent de tomber et la rivière se calme.
Le vent stoppe ses râles et se met à chanter,
Le soleil lui sourit dans un ciel complice. 

Eh, bonjour mes amis, que me vaut cette farce,
Cette imprudence qui me fait frôler la grâce ?
N'avez-vous pas peur de n'être point reconnus
À la juste valeur de votre coup de maître ?

Vous avez observé, vous avez tout compris
Mais je vous connais bien, vous sais enclins aussi
À me faire entrevoir dans mon propre reflet
Le monde tel que rêvé dans mes absences folles.

Que la pluie tombe ou pas, où que le vent me porte,
Je vous sais toujours là, à rire de la sorte
Et à tendre la main, parfois discrètement,
À mes yeux endormis ou las de devinettes.

J'ai senti votre élan, trébuché sur vos pierres,
J'ai continué pourtant, guidée par la lumière.
La mélodie des anges amorce son grand œuvre
Et voilà que les fleurs des cerisiers s'éveillent. 

Elles ont fleuri jadis dans les jardins cachés,
Dévoilant leur parfum capiteux et sucré
Aux papilles des dames qui ne demandaient rien,
Qui se promenaient là en souriant au soir. 

Petite goutte fraîche, je pense à toi souvent,
Tu me donnes l'ivresse indécente des amants,
Tu murmures à présent que le temps est venu
De cueillir la fortune et de la faire mienne.

C'est l'amour qui renaît, c'est le nectar des dieux,
Quand il arrive en somme à nous atteindre un peu,
Il efface les traces de la pluie tombée,
Révélant l'or à ceux qui le croyaient perdu.